Responsabilité sociale des entreprises : quels liens peuvent se créer avec les ASBL ?
Les entreprises voient de plus en plus la RSE (responsabilité sociale des entreprises) comme un enjeu de réussite. Dans ce contexte, quels liens peuvent se créer avec les ASBL ? MonASBL.be s’est entretenu avec Audrey-Flore Ngomsik, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises.
Le concept de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est apparu pour la première fois dans les années 60. « La RSE c’est savoir qu’une entreprise va créer quelque chose tout en faisant attention à son empreinte environnementale, aux personnes à l’intérieur et à l’extérieur de son entreprise. Tout cela en faisant du profit », explique Audrey-Flore Ngomsik, co-fondatrice de Trianon Scientific Communication, une agence de consultance en management spécialisée dans le développement durable et la responsabilité sociale.
Avec les défis environnementaux et sociétaux actuels, la RSE est de plus en plus perçue comme un enjeu de réussite pour les entreprises. Ainsi, selon une étude de 2018 réalisée par Maison des Tendances, en collaboration avec BNP Paribas Fortis, pour 75% des entreprises belges, la RSE était considérée comme un investissement rentable.
Le partenariat au cœur de la RSE
Une transformation profonde des pratiques dans laquelle les ASBL - qui le souhaitent - ont incontestablement un rôle à jouer. « L’un des 17 objectifs de développement durable de l’ONU (Agenda 2030) est le partenariat. C’est hyper important », explique Audrey-Flore Ngomsik. « Il y a encore peu de temps je voyais surtout des entreprises qui allaient dans des ASBL pour faire du volontariat pendant une journée. Ça, ce n’est pas de la RSE ».
Les partenariats, dont Audrey-Flore Ngomsik parle, peuvent être de différentes natures. « Par exemple, au niveau de l’environnement, il y a de plus en plus d’entreprises qui veulent éduquer leur personnel et qui peuvent faire appel à des ASBL », illustre-t-elle. Parallèlement, les entreprises peuvent intervenir auprès des associations notamment à travers le mécénat de compétences. Même si la pratique connait encore quelques limites aujourd’hui en Belgique.
En résumé, soit l’ASBL peut intervenir auprès de l’entreprise pour l’aider dans ses bonnes pratiques, soit l’entreprise agit sur l’environnement ou la société en aidant les ASBL de terrain. Audrey-Flore Ngomsik apporte toutefois une nuance : « La RSE ne revient pas à s’intéresser à la manière dont on dépense l’argent mais à la façon dont on l’obtient. Si on a des entreprises qui polluent et qui donnent ensuite de l’argent à des ASBL, ce n’est pas de la RSE ».
L’experte accompagne par ailleurs des entreprises particulièrement polluantes, notamment celles actives dans le secteur du textile. « Lorsqu’elles ont leur production en Chine par exemple, on va trouver des associations sur place pour garantir les conditions de travail du personnel. Puis, au niveau de l’environnement on va travailler sur la traçabilité à travers des associations partenaires ».
La RSE peut aussi créer des opportunités pour des ASBL afin de se développer. Audrey-Flore Ngomsik estime que les associations doivent casser ce tabou autour « du fait de gagner de l’argent. Aujourd’hui, le personnel des associations est sous payé. Les ASBL se reposent aussi beaucoup sur les volontaires mais il faut tenir compte du fait qu’il y a des personnes qui aimeraient s’engager mais qui n’ont pas les moyens de le faire gratuitement. C’est une perte de ressources importante. »
« La RSE doit partir du gestionnaire de l’entreprise »
Ainsi, les ASBL qui souhaitent approcher les entreprises dans le contexte de la RSE ont plusieurs options. « Elles peuvent déjà aller voir du côté de leurs bénévoles qui ont un emploi et donc des relations », explique l’experte. Les ASBL ne doivent pas non plus hésiter à faire de la recherche active d’entreprises qui agissent dans le même secteur, par exemple. Quel que soit le chemin emprunté, les ASBL doivent s’adresser au gestionnaire de l’entreprise. « La RSE c’est toujours une décision qui part du top-management car c’est très transversal ».
Faut-il davantage s’adresser à des petites ou grandes entreprises ? « Tout dépend des valeurs et de la taille de l’ASBL », assure Audrey-Flore Ngomsik. Toutefois, une chose est sûre : « Les starts up ont tendance à prendre en compte la RSE dès la conception ».
Si la RSE s’est clairement développée ces dernières années, l’experte regrette qu’elle reste encore généralement pensée à court terme. « En Belgique, à part les fonds européens tous les financements sont à court terme. Par exemple, il y a beaucoup de fonds pour l’économie circulaire mais généralement c’est sur quelques années ».
Article first published by Caroline Bordecq here.
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